Le temps

(limité) de militer.

Édouard Bernier-Thibault

Je suis étudiant au baccalauréat en philosophie à l’UQAM. Desfois (souvent même), je me demande si je vais à l’école parce que c’est vraiment ce qu’il y a de plus important à faire ou tout simplement parce que c’est ce « qu’il faut faire » pour un jeune de mon âge qui en a les moyens. Pour les étudiants d’université, mais aussi et surtout pour les élèves du primaire et du secondaire, il est difficile de se convaincre que dans une période de crises multiples et profondes comme celle qu’on vit, passer son temps à écouter passivement des professeurs nous transmettre le « curriculum » puis assimiler et retranscrire des faits et des idées la plupart du temps tout à fait étrangère soit ce qu’il y a de plus pertinent à faire.

L’éducation devrait être vivante et actuelle, elle devrait être libre, démocratique et émancipatrice, elle devrait avoir comme but fondamental de former des êtres humains capables de vivre, discuter et travailler ensemble pour résoudre les multiples enjeux auxquels nous faisons face. Malheureusement, elle ne l’est pas. Au contraire, les jeunes et moins jeunes d’ici et d’ailleurs font face à un processus froid, impersonnel, hiérarchique dans laquelle on ne les traite pas comme des penseurs et penseuses libres, mais comme de futurs travailleur.se.s a instruire et discipliner pour assurer leur obéissance à l’État et leur utilité à la classe dominante. Dans une société capitaliste comme la nôtre, l’école se réduit essentiellement à une préparation au travail, à la constitution d’une main-d’œuvre docile et instruite du minimum nécessaire pour servir à la quête de profit de la classe dominante. Je reste à l’école car je crois en son potentiel et je veux lutter pour en faire un espace démocratique, libre et sain capable de développer l’esprit critique nécessaire pour voire, dénoncer et s’attaquer aux injustices qui traversent notre société, mais le malaise que j’éprouve ne disparaît pas.