Le temps

(limité) de militer.

Xan Choquet

Je reviens à peine d'un épuisement militant, que j'en vois déjà un autre arriver. Celui-ci, par contre, je dirais qu'il est scolaire. Parce que quand vient le temps d'aller à mes 10 000 meetings militants ou d'asso, là j'en ai de l'énergie, de la motivation. Par contre, dès que j'essaie de me plonger dans mes travaux, je ressens un genre de vide. Comme si ça paraissait futile à côté du reste. Pourtant, j'étudie en action culturelle avec concentration en études autochtones, quelque chose qui est sensé me passionner et que je juge important. Mais est-ce si important de passer des heures et des heures dans des lectures pour écrire des travaux qui ne seront, au final, lus que par mes chargé.e.s de cours? Ça fait plus qu'un mois que je n'ai pas fait mes travaux et jusqu'à ce que je lise les témoignages d'isa et de jacob, puis ceux qui ont suivi, j'avais honte. Je me sentais "pas assez". Je ne comprenais pas pourquoi les autres arrivaient à faire leurs études temps plein en même temps de militer temps plein. Au final, je me rends compte qu'on est plusieurs à trouver les études futiles face à l'urgence climatique, face à toutes les urgences auxquelles nous faisons face. Vais-je continuer mes études quand même? J'imagine, parce que j'ai la chance de pouvoir me consoler en me disant qu'études autochtones, même si c'est enseigné dans une université colonialiste, ça va peut-être pouvoir servir pour de vrai. Est-ce que je vais les faire temps plein ou vais-je les faire temps partiel comme j'ai été obligé.e de faire cette session-ci? Ça reste à voir, tout dépend de laquelle de mes culpabilités gagne, ma culpabilité face à l'urgence climatique ou ma culpabilité face à mes études. Dans tous les cas, je suis soulagé.e de voir que je ne suis pas seul.e.