Le temps

(limité) de militer.

Léonard

Nous avons un parcours scolaire parsemé d’indécisions, d’abandons, de reprises et de questionnements qui témoigne de la grande difficulté à trouver du sens dans un monde qui s’effondre. Dans un monde parsemé de violences, envers les peuples, envers les autres espèces, envers notre environnement. Nous aimerions que nos études aboutissent à la transformation sociale nécessaire, mais, comme les gouvernements n’ont plus 10 ans pour agir, nous avons plus 10 ans pour étudier et changer le monde ensuite. J’ai changé 2 fois de parcours scolaire et pris 1 an de pause pour militer. J’ai constamment requestionné mes études à l’aube des crises environnementales. Est-ce que ce savoir m’est nécessaire ? Vais-je participer aux changements nécessaires ? Pourrais-je continuer à militer avec tel emploi ? La crise climatique et celle de la biodiversité sont d’une telle ampleur et d’une telle responsabilité qu’elles avalent toutes nos aspirations qui n’y sont pas rattachées. C’est pourquoi j’ai finalement ajusté au mieux possible mes études à cette crise et ce qui en découle.


J’ai parfois rêvé d’être dans un monde plus stable dans lequel je pourrais poursuivre mes études en philosophie de manière détachée. Rapidement j’ai saisi que cela n’était pas possible et peut-être même égoïste parce que la politique est inscrite au cœur même de nos existences et de notre rapport à notre environnement et aux autres. Il est plus qu’urgent que la politique, (celle qui se déroule dans la rue et non au parlement) retrouve une place centrale dans nos vies puisque notre futur s’y tient.


La stabilité que nous donne un emploi ou nos études est illusoire. Notre monde a atteint ses extrêmes limites et nous vivrons des perturbations économiques, politiques, environnementales, sanitaires. Autant mieux s’adapter à cette instabilité, à cet état de crise dans lequel notre seule mission est d’être solidaire les uns des autres, que de s’isoler les uns des autres, de croire que tout ira pour le mieux et que les gouvernements ou la technologie nous sauveront. La lucidité est le cadeau le plus précieux que nous nous faisons à nous-mêmes parce que derrière la routine, les horaires de cours et le passage du métro, se trouvent des profondes perturbations desquelles nous devons prendre acte.