Le temps
(limité) de militer.
Laurianne Huard
La semaine passée, j’ai eu un moment de découragement assez intense. J’étudiais pour un exam de psychophysiologie et, en deux secondes, j’ai été prise d’un solide vertige. C’était comme si, tous les mécanismes de défense qui me permettent de vivre au quotidien avec une certaine dissonance avaient tous lâché en même temps. Tout est devenu clair mais tellement épeurant : c’est le chaos général, autant social qu’environnemental dehors, et je reste immobile à m’engager dans une voie scolaire rassurante et conformiste pour ma sécurité individuelle à long terme? Je pédale à côté, solide!!!
J’ai pleuré pendant trois jours, les joues gonflées comme des ballounes, les yeux croutés, le linge collant et quelques précieuses calories pour continuer de pleurer. Crashée sur le divan de ma pauvre amie, j’ai étudié pour mes examens de mi-session dans cet état honteux avec le blocage émotif le plus absolu. J’ai abandonné. T’sais quoi? Il me manque 62 crédits pour terminer mon bac en psycho, et je m’en fou. Il m’en manque deux pour avoir un certificat et je m’en torche aussi. Je veux juste être libérée de cette fausse idée de fondamentalité qu’a pris l’école pour moi et orienter mon énergie vers le sens où elle va naturellement : les luttes climatiques et sociales.
J’ai décidé de lâcher l’école.
Après ça, j’ai réalisé que mon plus grand deuil en quittant l’école, c’était d’abandonner mes engagements, puisque les groupes militants que je connais sont pas mal tous des regroupements étudiants. Ça me faisait tellement du bien me retrouver chaque semaine avec du monde que je sais pour sûr partage ma colère, ma peine et mon incompréhension. Du monde à qui je n’ai pas à expliquer l’évidence brute et dont les yeux ne trahissent aucune lueur psychotique lors de débats. Juste du monde conscient qui ont assez d’amour pour pleurer le sort de ceux qui les traitent de wokes. Lol.
Maintenant que mes biais reviennent graduellement, j’ai une vision un peu plus nuancée de la chose, mais je ne suis certainement pas prête à retourner sur un banc d’école avant de réellement le vouloir, intrinsèquement. Je pense y retourner, certainement. Je dois, juste avant d’y replonger tête première, m’éloigner de cette usine citoyenne pour éviter de tomber dans le piège attirant qu’est la sécurité et le parcours parfait. Je pense que mes activités militantes sont au cœur de ma décision puisqu’elles contribuent directement à garder ma conscience collective vivante et en santé, et c’est cette dernière qui me fait me requestionner sur la nature individualiste du système dans lequel j’évolue.
En tout cas laaa, on verra ça.