Le temps

(limité) de militer.

Hugo Cordeau

J’ai choisi l’économie pour changer le système de l’intérieur. Je croyais qu’à bien le comprendre, des solutions en émergeraient. Les constats sont plutôt simples, nous vivons au-dessus de nos moyens. Nous hypothéquons nos enfants pour un vulgaire confort.



J’effectue actuellement mon doctorat – croyant qu’en créant de la connaissance sur les bienfaits de l’action climatique aiderait d’accélérer le mouvement. Mon constat est tout autre.

 

Nous avons dorénavant les technologies pour nous sortir de cette crise – et elles sont économiquement avantageuses. À ce sujet, je suis persuadé que nous avons franchi un point d’inflexion qui accéléra l’action climatique –, mais c’est notre imaginaire collectif qui fait défaut. 


Encore cette année, un nouveau record de fonte des glaces a été franchi, battant celui de l’année dernière. L’ironie est que les plus grands destructeurs – les pétrolières – de cette planète se font offrir de record profits, et ce, en toute impunité.  


Certains mettraient cela sur le dos du capitalisme, mais la vérité c’est que la gente populaire ne s’insurge pas, elle se complaint dans son confort. Si nous étions là à prendre les rues, les radios et les journaux du pays, notre voix se ferait entendre.


Si nous polluons encore et toujours plus, c’est que nous gouvernement – et donc nous – nous incite à faire de la sorte. Nous subventionnons la monoculture, les autoroutes et les véhicules électriques, mais ne supportons que trop peu le transport en commun tandis que le transport actif est en laisse.


Sur une note d’espoir, j’aimerais souligner que notre société peut changer. À titre d’exemple, les 200 000 appels et courriels effectués par Climate Citizen Lobby ont influencé le débat public, et voilà que les Américains ont mis sur pied le projet de loi climatique le plus ambitieux de leur histoire. Sous la pression de l’industrie, le Canada a appliqué l’essentiel de subventions au Canada, accélérant la transition.


L’annulation de GNL Québec — qui a amené Québec à bannir l’exploitation des combustibles fossiles en sol québécois — est également une victoire attribuable aux mouvements sociaux, notamment le Front étudiant d’action climatique (FEDAC), qui a coalisé le mouvement étudiant. Le BAPE a reçu un record de mémoires au sujet de GNL Québec : plus de 3000. Il a conclu que le projet n’avait pas d’acceptabilité sociale. Le gouvernement a suivi leur recommandation.


Nos efforts ne sont pas vains. Toute cette pression que nous effectuons est un peu comme la matière noire : elle nous semble invisible, mais … elle façonne notre univers.


Or, rappelez-vous que quotidiennement, des millions de personnes nous accompagnent dans ce combat ; chaque geste posé est multiplié par millions.


Un jour, un point d’inflexion sera atteint et l’action climatique sera plus robuste que jamais.


Bien que notre quotidien ne semble pas rose, je crois que nous sommes à l’aube d’une nouvelle ère.


L’ère de l’action climatique.


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Maintenant, allons militer.