Le temps

(limité) de militer.

Félix

J’ai changé de domaine d’études après le Cégep pour m’enligner avec mes valeurs et mes passions. Je voulais faire partie de la solution à la crise environnementale face à laquelle je vivais un malaise grandissant. Après un an et demi à étudier les sciences de l’environnement, le constat n’est pas joyeux.

Ma nouvelle compréhension des enjeux environnementaux me permet tout juste de concevoir à quel point notre espèce a affecté le Système Terre. À quel point nos dirigeants prennent des décisions qui vont à l’encontre de la science et de nos intérêts collectifs. À quel point la plupart des gens sont apathiques face à la crise, non pas qui arrive, mais qui est déjà bien en marche.

Paradoxalement, j’ai appris à apprécier la beauté de nos écosystèmes. L’équilibre fragile et éphémère qui les fait vivre. Chaque micro-détail réglé au quart de tour par des dizaines de millions d’années d’évolution. Les 25000 espèces d’orchidées qui peuplent la quasi-totalité du globe. La probabilité infinitésimale que la vie puisse se développer dans une petite niche, et atteindre un tel niveau de diversité.

J’écris ces lignes entre une manif et un exam. Mon niveau d’engagement dans le mouvement varie selon le nombre de cours que je suis à chaque session. Je me questionne face à la pertinence d’assister à mes cours. À quel point ces connaissances me sont nécessaires pour engendrer un réel changement. Si m’outiller plus exhaustivement pour faire de la recherche serait pertinent. Si j’ai le temps. Si on a le temps. Je me questionne face à la pertinence de nos tactiques, de nos prémisses philosophiques. Je me demande pourquoi on n’arrive même pas à égratigner le statu quo.

Je ne pense pas quitter l’école. Du moins pas pour le moment. Mais si je le fais, ce sera à cause des gens avec qui je milite. Des gens qui publient ces témoignages. De toi qui lis ces lignes. Des gens qui se donnent corps et âme, qui passent des nuits d’insomnie, qui crient, qui pleurent, qui saignent pour le mouvement. J’ai tellement d’admiration pour vous. On se voit dans la rue.

Amour et rage,


Félix