Le temps

(limité) de militer.

Ariane Beaudin

Avant, je croyais en l’école. Et après, j’ai commencé à douter de sa pertinence et je suis parti.e. Je suis revenu.e quand même, après une année sabbatique. Mais depuis, ce n’est pas vraiment le contenu de mes cours qui m’intéressent.


Quand je suis retourné.e au Cégep du Vieux-Montréal compléter une technique en informatique en 2019, je me suis rapidement ramassé.e impliqué.e dans le comité environnement. Presque du jour au lendemain, la lutte pour la justice climatique est devenue ma priorité. J’y trouvais du sens. Je m’absentais de mes cours pour assister à des réunions avec la direction sur des enjeux de transition écologique. J’avais des rencontres d’organisation à longueur de semaine et je restais souvent à l’école autour de 13 heures par jour.


Ce n’était pas quelque chose de soutenable à long terme, mais il n’empêche que j’en ai retiré des apprentissages qui me sont réellement utiles au quotidien. Dans les faits, ce que j’ai retenu de ma technique en informatique, ce n’est pas tant comment coder, mais plutôt comment militer.


Quand je suis retourné.e à l’UQAM au début de la pandémie pour faire un bac par cumul de programme, mon premier réflexe a été de m’impliquer dans mon asso. Je disais en blague que je m’impliquais pour pas drop out. Derrière chaque blague un semblant de vérité. 


Au deuxième programme de mon bac, j’ai aussi rejoint mon asso de module. Je planifie faire la même chose pour mon dernier et troisième programme où j’étudierai à temps partiel. J’aspire à prendre encore plus de responsabilités cette fois-ci, maintenant que je connais bien le milieu. 


Récemment, on m’a offert une bourse de recherche dans une équipe interdisciplinaire qui accompagne les chercheur.euse.s dans la gestion de leurs données. D’un point de vue carriériste, c’était une opportunité en or, surtout que je suis encore au premier cycle. J’ai refusé, parce que je ne crois toujours pas tant en l’institution et surtout, parce que je veux prioriser mon implication étudiante.


Souvent, je me trouve pas assez militant.e parce que j’ai plus assez d’énergie de nos jours pour être dans toutes les rencontres de mobilisation et manifs. Je m’indigne d’une manière décidément moins intense que quand j’ai commencé. Et après, je me rappelle que y’a plein de moyens de faire sa part.


S’impliquer dans une association étudiante, en apparence, ça n’a rien de révolutionnaire. Mais y’a de la job à faire à tour de bras. Pis c’est de la job importante. 


S’assurer que la démocratie étudiante puisse être vivante et effective, c’est primordial pour la lutte, mais surtout pour notre vivre-ensemble.


Aujourd’hui, je vais à l’école pas pour apprendre à « faire de la création littéraire », mais bien pour faire que mon milieu d’étude est une communauté étudiante avant d’être un lieu d’enseignement. S’il y a une pertinence à être à l’école, elle se trouve dans le fait qu’il s’agit d’un lieu rempli d’effervescence où l’on peut bâtir l’action collective de demain.